Le débat sur l’impact de l’intelligence artificielle (IA) sur le développement de l’Afrique a gagné en importance au cours de l’année dernière. Divers experts nationaux et organisations examinent de près les opportunités et les menaces qu’elle présente.
Selon le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), l’IA pourrait être un atout considérable pour la paix et la sécurité internationales. Cette opinion repose sur la rapidité avec laquelle les conflits évoluent et la quantité massive de données générées, dépassant les capacités de traitement humain pour des décisions efficaces.
Le PNUD est d’avis que « l’intelligence artificielle peut nous aider à comprendre voire anticiper le déclenchement et l’évolution de crises. » Il insiste cependant sur la nécessité d’associer l’IA à l’expertise humaine. Plus précisément, l’organisme international estime que l’approche « IA Human-in-the-loop » (IA en interaction avec l’humain), qui allie l’apprentissage automatique à l’intelligence humaine pour résoudre des problèmes complexes, peut améliorer l’analyse des données, surtout dans des contextes en constante évolution.
En Afrique, où les réseaux sociaux sont devenus des moyens privilégiés d’expression et où la désinformation ainsi que les discours haineux sont en hausse, de même que la communication des groupes extrémistes, l’IA pourrait jouer un rôle clé dans la surveillance. Ceci est particulièrement pertinent sur des plateformes telles que « Facebook et Twitter, qui n’ont pas résolu ou n’ont pas pu résoudre ces vulnérabilités fondamentales », d’après les déclarations du PNUD.
Les entreprises en question sont souvent incapables de prendre en compte les répercussions étendues de leurs politiques et des comportements de leurs utilisateurs sur différentes plateformes. Elles manquent des ressources nécessaires, ainsi que de l’incitation interne, pour évaluer adéquatement les effets de la technologie dans des contextes non occidentaux. Jusqu’à présent, elles ont également manifesté peu d’enthousiasme pour partager les mesures requises afin d’analyser correctement les conséquences de leurs politiques et de leurs interventions, comme le déplore l’organisme dans son rapport d’août 2023, intitulé « Development Futures Series ».
À la suite du début du conflit entre l’Ukraine et la Russie le 24 février 2022, Twitter, YouTube et Facebook ont été activement utilisés pour rapporter les événements en temps réel et également comme « armes » pour influencer et modeler les opinions en ligne. Cependant, ces plateformes ont également prouvé leur utilité pour étudier divers aspects du conflit, notamment les attaques contre les établissements de santé, les champs de mines et l’utilisation d’armes interdites, comme les armes à sous-munitions.
Selon le PNUD, il pourrait être envisagé de tester les systèmes d’intelligence artificielle au sein de l’ONU, dans un nombre limité de bureaux de pays ou d’autres opérations sur le terrain, afin de répondre aux besoins spécifiques de chaque contexte. L’objectif initial consisterait à élargir les initiatives de prévention dans les régions où les tensions sont en augmentation ou à identifier les campagnes de désinformation ciblant le personnel humanitaire.
Ces essais pourraient éventuellement conduire à la création d’une plateforme mondiale de pointe destinée à partager des outils, des étiquettes, des modèles et des algorithmes d’intelligence artificielle.