Asmelash Zeferu

Il est des individus pour qui un rêve demeure un horizon infranchissable. Par contre il y a certains pour qui la passion, la volonté et l’abnégation sont des clés capables d’ouvrir toutes les portes. Asmelash Zeferu est de cette deuxième catégorie de personne. En s’inspirant de vidéos sur YouTube, il a réussi à monter son propre avion.

La tête dans les nuages

Asmelash Zeferu, cet éthiopien de 35 ans, a eu très tôt dans ses gènes la passion pour les appareils volants. Enfant, il matérialisait son rêve avec les moyens à sa disposition en fabriquant des avions en papier qu’il revendait à ses camarades de classe. Puis, au fil des années, cette passion s’est enracinée encore plus solidement et a continué à grandir en lui. Seulement, il trouvera devant lui bon nombres d’obstacles. Ce qu’il a toujours désiré, c’est devenir pilote. Lors d’un entretien pour intégrer le centre de formation de la compagnie Ethiopian Airlines, il se fera recaler pour, dit-il, « un petit centimètre » en moins sur sa taille. Dès lors il se donne un défi de taille qu’il résume en ces mots : « J’ai regardé le recruteur dans le blanc des yeux et je lui ai juré qu’un jour, je serai le commandant de bord de mon avion ».

Autodidacte et passionné

A défaut de se voir offrir une chance pour espérer un jour piloter un avion, Asmelash Zeferu décide de créer son propre avion. Pour cela, il faudra dix longues années à cet autodidacte que rien ne semble pouvoir détourner de ses objectifs, pour voir son avion attirer l’attention de spectateurs visiblement impressionnés. Durant ces dix années, il a étudié la conception des avions. Ce dont il avait besoin pour faire évoluer son projet, il les trouvait le jour sur internet à travers des tutoriels publiés sur Youtube, la nuit, dans des bouquins spécialisés, torche à la main.
En 570 jours, Asmelash Zeferu a réussi à monter son tout premier modèle qu’il a baptisé K-570A ( K pour Kiros, le nom de sa mère, 570 pour le nombre de jours nécessaires à la fabrication de l’appareil et A pour Avion). Sans grand moyens, son avion de deux places est constitué de matériels issus du recyclage (bois, aluminium, métal…). Lors de son premier essai en juin 2015, l’avion n’a pas réussi à décoller. Pourtant, il ne perd pas espoir et continue d’y croire : « D’autres Africains avant moi ont tenté l’expérience. Un Ougandais, un Kényan… mais si je décolle à plus de deux mètres, je serai le premier à réussir cette prouesse sur le continent ! »

Toujours plus loin

Un vol d’essai final est prévu courant 2016. A ce sujet, Asmelash Zeferu se dit confiant et explique être passé de 30 à 78 chevaux, tout en augmentant la distance entre l’hélice et l’appareil. De quoi prévoir de meilleures perspectives!

Des soutiens, le rêveur de 35 ans en a reçu. L’opérateur de télécommunications d’Éthiopie, des donateurs privés, et le dernier en date, la compagnie chinoise ZTE, ont décidé de lui apporter des soutiens pour l’aider à améliorer son avion. « Je constate avec plaisir sa créativité et son impact positif qui contribue à stimuler l’esprit et l’initiative de ses concitoyens Éthiopiens, en matière d’innovation de technologies avancées pour l’avenir », s’est réjoui Zhang Jintao, vice-directeur général de ZTE Éthiopie.

Asmelash Zeferu ne s’arrête jamais de rêver. « Mon rêve est de faire partie de l’équipe de la NASA et de revenir dans mon pays pour créer une compagnie aérienne en 2031 », affirme t-il. Pour ce rêve aussi, il compte faire mentir tous ceux qui le prennent pour un fou, comme ce fut le cas lorsqu’il abandonnait son travail pour se consacrer à sa passion, il y a un an et demi de cela.