Un récent rapport intitulé « Les Défis de la Lutte Contre la Cybercriminalité en Côte d’Ivoire » a été récemment rendu public, offrant une analyse approfondie des problématiques et des solutions relatives à la cybercriminalité en Côte d’Ivoire.

L’auteur, Vladimir Aman, un expert ivoirien de renom dans le domaine de la cybersécurité, a rédigé ce rapport dans le but d’informer les décideurs, les professionnels et le grand public sur les menaces du cyberespace et les moyens de les contrer.

Dans l’introduction, M. Aman met en avant le rôle essentiel du numérique en tant que moteur central du projet de développement socio-économique de la Côte d’Ivoire. Cependant, l’essor de la digitalisation des services a également entraîné une augmentation de la cybercriminalité dans le pays, exigeant une réponse immédiate. L’auteur, ayant occupé divers postes clés liés à la cybersécurité en Côte d’Ivoire, apporte une perspective unique et précieuse sur ce sujet crucial.

Le coût financier en constante augmentation est un aspect préoccupant de la situation. Entre 2009 et 2022, la cybercriminalité a occasionné des pertes financières directes dépassant les 66 milliards de francs CFA (environ 100 millions d’euros). Cependant, ce chiffre alarmant ne couvre qu’une partie du problème. Si l’on tient compte des coûts indirects, tels que la perte de confiance des consommateurs et les répercussions sur la réputation des entreprises, la situation devient encore plus préoccupante. Par exemple, les institutions financières ont enregistré en moyenne trois plaintes par an auprès de la DPEF entre 2016 et 2018.

Les secteurs en première ligne

Les banques, les opérateurs de télécommunications, les entreprises de commerce électronique et les administrations publiques sont en première ligne face à ces attaques. La nature sensible des données qu’ils gèrent les rend particulièrement vulnérables, avec des conséquences potentiellement dévastatrices pour l’économie ivoirienne.

Faits marquants :

  • Entre 2009 et 2022, le préjudice financier direct déclaré s’élève à plus de 65 milliards FCFA, soit une moyenne annuelle d’environ 5,5 milliards FCFA.
  • Sur cette période, 30 029 dossiers de cybercriminalité ont été traités, soit une moyenne annuelle d’environ 2 304 dossiers.
  • 1 418 suspects ont été interpellés pour des infractions liées à la cybercriminalité, dont 807 ont été déférés devant le parquet. Cela représente un taux d’interpellation d’environ 5% suite à une déclaration, et seulement 3% aboutissent à un défèrement.
  • Moins de 5% des cas déclarés aboutissent à une présentation devant le parquet, et le taux de condamnations pourrait être inférieur à 2%.
  • 82% des cyber infractions déclarées sont des escroqueries et des abus de confiance.
  • Le nombre de cybercrimes signalés aux services de police a augmenté avec le temps, et cette tendance devrait se poursuivre.
  • 54 établissements bancaires ont déclaré avoir été victimes de cyber infractions, aboutissant à 193 plaintes et un préjudice de plus de 27 milliards FCFA.
  • Depuis 2020, le préjudice financier direct des cyberattaques contre les établissements financiers et bancaires est de plus de 5 milliards FCFA.