Les récentes révélations sur TikTok mettent en lumière des aspects troublants de la célèbre application vidéo. Selon des documents non expurgés soumis lors d’un procès intenté par le procureur général du Kentucky, Russell Coleman, l’entreprise était bien consciente des effets néfastes de son produit sur la santé mentale des jeunes. Ces informations, rendues publiques par la radio publique du Kentucky, exposent les pratiques internes de TikTok visant à maximiser l’engagement, même au prix de l’addiction.

Une stratégie de l’addiction assumée ?

Les documents révèlent que TikTok a mené des études internes montrant que l’utilisation compulsive de l’application entraînait des conséquences directes sur la santé mentale, y compris une baisse des capacités analytiques, une diminution de la mémoire, et une aggravation de l’anxiété. Les adolescents, qui constituent une part importante des utilisateurs, sont particulièrement vulnérables. Le procureur général du Kentucky a accusé la plateforme de cibler spécifiquement les enfants, « en pleine phase de développement de leur maîtrise de soi ». L’application, selon lui, est « conçue pour être une machine à dépendance ».

Les bulles de filtres : un danger sous-estimé

L’un des phénomènes les plus préoccupants mis en avant par ces révélations est celui des « bulles de filtres ». En fonction des comptes suivis par les utilisateurs, TikTok les conduit vers du contenu spécifique qui peut parfois s’avérer toxique. Par exemple, les utilisateurs intéressés par du contenu triste ou négatif sont rapidement aspirés dans des « bulles » qui ne leur montrent presque plus que ce type de vidéos, renforçant ainsi un état d’esprit pessimiste. Des contenus comme la « thinspiration », qui glorifie les troubles alimentaires, sont également mis en avant dans certaines de ces bulles. En seulement 30 minutes d’utilisation, les jeunes peuvent se retrouver enfermés dans ces filtres.

Les efforts de modération remis en question

TikTok a également fait face à des critiques sur sa modération de contenu. Bien que l’entreprise ait mis en place des systèmes de modération, les documents révèlent que des vidéos en violation flagrante des règles continuent de circuler, y compris des contenus glorifiant des comportements inappropriés envers les mineurs. Selon les documents internes, les modérateurs ont reçu des instructions ambiguës concernant la suppression des comptes des utilisateurs soupçonnés d’être âgés de moins de 13 ans.

Le porte-parole de TikTok, Alex Haurek, a réagi en affirmant que les accusations sont fondées sur des documents obsolètes et sortis de leur contexte. Il a mis en avant les « mesures de protection robustes » mises en place par la plateforme, telles que des limites de temps d’écran et des fonctionnalités de contrôle parental, notamment le couplage familial.

Un avenir incertain pour TikTok

Ces révélations surviennent alors que TikTok fait face à une pression croissante de la part des gouvernements et des régulateurs du monde entier. Plus d’une douzaine d’États américains ont déposé des plaintes similaires, accusant l’application de mettre en danger les jeunes utilisateurs. La question reste de savoir si les mesures de protection récemment introduites par TikTok suffiront à apaiser les inquiétudes, ou si l’application devra faire face à une réglementation plus stricte dans les mois à venir.