L’Afrique s’apprête à franchir un cap dans sa transformation numérique. Meta, géant américain des technologies, a officialisé le lancement de Waterworth, un ambitieux projet de câble sous-marin de 50 000 km qui reliera plusieurs continents, dont l’Afrique. Avec un investissement colossal de 10 milliards de dollars, l’entreprise prend seule les rênes de cette infrastructure stratégique, marquant une nouvelle étape dans son expansion numérique.

L’Afrique du Sud figure parmi les principaux points d’ancrage du câble, avec des connexions prévues à Cape Town et Durban. Une aubaine pour le pays et, potentiellement, pour plusieurs États côtiers qui pourraient bénéficier de cette avancée. En facilitant l’accès à une connexion plus rapide et plus stable, Waterworth pourrait accélérer le développement du cloud, des fintechs et de l’intelligence artificielle sur le continent.

L’initiative s’inscrit dans un contexte où l’économie numérique africaine connaît une croissance fulgurante. D’ici 2050, elle pourrait représenter 8,5 % du PIB du continent, soit 712 milliards de dollars, selon une étude conjointe de Google et de la Société financière internationale. Pourtant, le déficit en infrastructures reste un frein majeur. Un rapport des Nations unies publié en 2024 révélait que l’indice de l’infrastructure des télécommunications (TII) en Afrique s’élevait à 0,4534 sur 1, bien en dessous de la moyenne mondiale de 0,6896.

Si l’arrivée de Waterworth promet de réduire la latence et d’améliorer la qualité du réseau, elle soulève aussi des questions stratégiques. Une meilleure connectivité ne signifie pas nécessairement une baisse des coûts pour les consommateurs. De plus, en confiant le développement des infrastructures à des entreprises comme Meta, l’Afrique pourrait accentuer sa dépendance aux géants technologiques étrangers, après des projets comme 2Africa, Equiano et Umoja.

L’impact de Waterworth se mesurera donc à long terme. Sera-t-il un levier d’indépendance numérique pour le continent ou un nouvel outil d’influence pour les multinationales ? L’avenir nous le dira, mais une chose est certaine : la bataille pour la connectivité africaine ne fait que commencer.