En Tanzanie, la question de l’introduction en bourse des opérateurs télécoms refait surface. Alors que Vodacom demeure, depuis 2017, le seul acteur du secteur à avoir ouvert une partie de son capital aux investisseurs, les autres entreprises comme Airtel, Halotel et Yas pourraient bientôt ne plus être contraintes de suivre le même chemin.

Le gouvernement envisage en effet de supprimer la loi qui impose aux opérateurs de coter 25 % de leurs actions en bourse. Jerry Silaa, ministre des TIC, a récemment évoqué cette possibilité, affirmant que l’État souhaitait adopter une approche plus souple, en tenant compte des réalités du marché. Selon lui, il est temps d’évaluer les décisions prises par le passé et de privilégier une dynamique économique plus libre, laissant aux entreprises le choix d’entrer ou non sur le marché boursier.

L’expérience de Vodacom semble peser dans la réflexion des autorités. Introduite en bourse à 850 shillings tanzaniens en 2017, son action s’échangeait à 770 shillings au 24 février 2025, selon les chiffres du Dar es Salaam Stock Exchange (DSE). Si l’entreprise a distribué des dividendes variables au fil des années, avec une moyenne de 14,7 shillings par action depuis son entrée sur le marché, elle a aussi traversé des périodes de vaches maigres, notamment en 2021 et 2022 où aucun dividende n’a été versé.

Toutefois, rien n’est encore acté. Le projet de suppression de cette obligation fera l’objet de discussions approfondies entre les autorités et les acteurs du secteur. Aucun calendrier précis n’a été dévoilé pour l’instant, et les opérateurs poursuivent leurs démarches à des rythmes différents. Pour Jabiri Bakari, directeur général de l’Autorité tanzanienne de régulation des communications (TCRA), la question mérite un examen attentif afin de trouver un équilibre entre attractivité économique et transparence financière.

Certains observateurs, à l’image de Raphael Masumbuko, PDG de Zan Securities, estiment que la cotation en bourse reste un levier essentiel pour garantir plus de transparence et offrir aux citoyens tanzaniens une opportunité de participer à la croissance du secteur. Un enjeu de taille, surtout dans un marché où les grands opérateurs sont majoritairement détenus par des capitaux étrangers.

Alors que le débat s’ouvre, les regards restent tournés vers le gouvernement. Supprimer cette obligation marquerait un tournant dans la régulation du secteur, mais soulève aussi une question centrale : la Tanzanie doit-elle privilégier la flexibilité du marché ou maintenir un cadre favorisant l’implication des investisseurs locaux ? Une décision qui, dans un cas comme dans l’autre, ne manquera pas d’avoir un impact durable sur l’industrie des télécoms de la Tanzanie.