La technologie a profondément transformé la vie quotidienne des citoyens dans les villes du Caire, en Égypte, et Casablanca, au Maroc. Ces métropoles africaines, suivant l’exemple de grandes cités comme Toronto au Canada ou Singapour, la ville la plus connectée du monde, ont adopté la digitalisation des services de base, tels que les transports urbains, la gestion des déchets et l’efficacité énergétique des bâtiments. Cette transformation numérique réussie commence à inspirer d’autres villes sur le continent, malgré les défis du réchauffement climatique et de la croissance démographique.

Le concept de la « ville intelligente » ou « smart city » est de plus en plus populaire depuis les années 90, et il était généralement associé aux grandes villes européennes comme Oslo en Norvège, Barcelone en Espagne, ou américaines comme New York aux États-Unis, voire asiatiques comme Singapour. Cependant, quelques villes africaines commencent à figurer dans cette liste restreinte, notamment Le Caire en Égypte et Casablanca au Maroc.

Ces capitales ont récemment adopté des solutions numériques qui ont permis la digitalisation des services de base tels que l’efficacité énergétique, la mobilité intelligente, la télémédecine, et bien d’autres, au bénéfice de leurs populations respectivement estimées à 20 millions, 3,8 millions et 3,7 millions d’habitants. Contrairement à d’autres villes africaines, la croissance démographique ne rime plus automatiquement avec chômage, pollution atmosphérique, et inégalités d’accès aux ressources telles que l’eau et l’électricité, grâce à l’intelligence artificielle et l’Internet des objets (IoT).

À Casablanca, par exemple, la gestion électronique du transport routier a été révolutionnée. La ville a été la première métropole africaine à rejoindre le réseau des 25 villes intelligentes sélectionnées par l’Institut des ingénieurs en électricité et en électronique (IEEE) aux États-Unis, en 2015. La télégestion du trafic routier, réalisée grâce à 760 caméras de surveillance connectées à 220 kilomètres de fibre optique, a permis de contrôler le trafic et d’améliorer la sécurité dans les zones commerciales. De plus, des solutions de géolocalisation et de chauffeur à la demande, telles que l’application « iTaxi, » ont contribué à réduire le nombre de véhicules personnels sur les routes, favorisant ainsi la décarbonation.

La gestion électronique des déchets a également joué un rôle essentiel à Casablanca, grâce à un système d’information géographique (SIG) mis en place par la multinationale française Suez. Ce système permet de surveiller la propreté urbaine en temps réel et de recueillir les signalements des usagers pour indiquer les zones à nettoyer.

Le Caire, quant à lui, est en avance en matière de « smart city. » Cette métropole égyptienne abrite des entreprises et des laboratoires qui rivalisent avec les géants technologiques mondiaux. Parmi elles, la société Elsewedy a révolutionné l’utilisation des compteurs électriques numériques, avec plus de 2 millions d’unités déjà installées, principalement au Caire. Ces compteurs permettent d’optimiser la consommation d’énergie et de réduire les factures d’électricité. Le Caire se distingue également par ses « smart homes, » qui permettent aux propriétaires de contrôler à distance l’éclairage et le chauffage de leur maison depuis leur lieu de travail.

Le développement numérique de ces villes contribue à améliorer la qualité de vie de leurs citoyens et à résoudre des problèmes tels que la congestion routière et la gestion des déchets. De plus, ces succès suscitent l’intérêt d’autres villes africaines qui commencent à comprendre l’importance d’intégrer le numérique dans leur développement durable.

En Afrique subsaharienne, des initiatives telles que celle menée dans la commune du Plateau à Abidjan visent à combler le fossé numérique et à utiliser la technologie pour améliorer la qualité de vie des citoyens. La modélisation virtuelle du territoire est une première étape importante pour guider l’aménagement urbain et améliorer la qualité de vie. D’autres municipalités, comme Oranjemund en Namibie, se concentrent sur l’extension de la connectivité numérique, en déployant la fibre optique pour garantir un accès internet plus large.

Bien que seulement 40% de la population africaine soit actuellement connectée à Internet, des projets tels que « Solutions numériques pour la ville durable en Afrique de l’Ouest » devraient permettre d’inverser cette tendance. Ces initiatives, soutenues par des organisations comme le centre de recherche Excellence in Africa (Exaf) de l’École polytechnique fédérale de Lausanne, visent à développer de véritables « smart cities » dans des villes comme Abidjan en Côte d’Ivoire, Bamako au Mali, Cotonou au Bénin et Ouagadougou au Burkina Faso. Ces villes pourront ainsi expérimenter de nouvelles solutions numériques pour renforcer leurs systèmes météorologiques face aux aléas climatiques, parmi d’autres avantages.