Alors que l’Afrique poursuit son virage numérique, la gestion des données personnelles devient un enjeu crucial. À Madagascar, la question prend une dimension particulière avec l’accélération de l’e-administration et la digitalisation des services publics. Pourtant, la mise en place d’un cadre efficace de protection des données tarde à se concrétiser.

Pour tenter d’y remédier, une mission de l’Association francophone des autorités de protection des données personnelles (AFAPDP) s’est rendue sur place. Avec l’appui de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), les experts de l’association vont travailler aux côtés des autorités locales afin de poser les bases d’une véritable régulation en matière de cybersécurité et de gestion des données.

Madagascar ne part pas de zéro. Une loi sur la protection des données a bien été adoptée en 2015, et plus récemment, le pays a ratifié la Convention de l’Union africaine sur la cybersécurité. Pourtant, l’application concrète de ces textes reste un défi. La future Commission Malagasy de l’Informatique et des Libertés (CMIL), qui doit assurer la régulation en la matière, peine à voir le jour.

Ce retard n’est pas anodin. Dans un contexte où l’administration en ligne devient un levier essentiel de modernisation, le manque de régulation expose les citoyens à des risques liés à l’usage non encadré de leurs informations personnelles. Selon un récent rapport sur l’e-administration mondiale, Madagascar affiche un indice de développement numérique de 0,3235 sur 1, en deçà de la moyenne africaine. Un chiffre qui illustre le besoin urgent de structurer la gouvernance numérique du pays.

Les défis à relever sont multiples : outre les aspects techniques et juridiques, il s’agit aussi d’assurer une véritable prise de conscience auprès des acteurs publics et privés sur l’importance de la protection des données. La mise en place de la CMIL pourrait ainsi marquer un tournant décisif, à condition que les moyens nécessaires lui soient alloués.

Dans un monde où l’économie numérique repose sur la confiance des utilisateurs, Madagascar n’a d’autre choix que d’accélérer le pas. La sécurisation des données personnelles n’est pas qu’une obligation légale, c’est aussi une condition essentielle pour bâtir un écosystème digital fiable et durable.