Nul ne peut nier l’impact que les réseaux-sociaux peuvent avoir sur les décisions prises même au plus haut sommet de l’État. Lorsqu’un ministre tient des propos qui sont mal appréciés par les internautes, la mobilisation s’organise très vite sur les réseaux sociaux. Cette fois-ci, c’est le ministre de l’économie numérique et de la poste, Bruno Koné, qui en paie les frais.

                                  Bruno Koné -Photo d’archives

La « sortie de route » de Bruno Koné

Le ministre de l’économie numérique et de la poste a fait ce que l’on pourrait appeler une sortie de route, du moins de l’avis des internautes ivoiriens. En effet, interrogé sur la grogne constatée depuis un moment sur les réseaux sociaux vis à vis des décisions gouvernementales et de la cherté de la vie, selon le ministre, il ne s’agirait que d’une infime partie des internautes qui se montrent plaintifs :

« Les réseaux sociaux, c’est mon secteur d’activité. Donc, je peux en parler assez bien. Sans regarder les profils, quand on prend les noms de ceux qui commentent l’actualité ivoirienne, on arrive difficilement à 100 ou 200 personnes. (…) Quand on contribue avec eux sur un sujet, on a l’impression que tout le monde est révolté contre une mesure. Mais en réalité, ils ne sont que 100 ou 200», a-t-il affirmé.

Ces propos n’ont pas du tout été du goût de certains internautes qui ont pris d’assaut les réseaux sociaux numérique pour s’exprimer.

#Les200, un hashtag pour dénoncer la « forfaiture »

Aussitôt, toutes les publications des internautes ont commencé à s’agréger autour du mot-dièse #Les200, comme pour dénoncer l’affirmation du ministre, par ailleurs porte-parole du gouvernement, qui tend à les réduire à une minorité de personnes. Depuis, statuts Facebook et Tweets ne s’arrêtent plus. Des plus fantaisistes aux plus moqueurs, de nombreux internautes ont entrepris de faire savoir qu’ils sont bel et bien présents.

Pour aller plus loin, une pétition intitulée « Nous ne sommes pas que 200 à nous plaindre… Ne nous méprisez pas » a été mise en ligne. En moins de 24 H, cette pétition a atteint plus de 1600 signatures (1 672 lors de la mise en ligne de l’article).

Les réseaux sociaux numériques, nouvelle arme pour dénoncer ?

En mars 2014, une jeune mannequin du nom de Awa Fadiga se faisait agresser à l’arme blanche par un chauffeur de taxi. Suite à son agression, elle sera conduite aux urgences du Chu de Cocody, ou elle mourra en raison de « manque de soins », selon la version de ses proches. Un communiqué officiel du ministère de la santé donnera une toute autre version, arguant un décès « suite à une agression inadmissible et intolérable qui n’engage pas la responsabilité des services de santé. » La grogne suscitée par cette histoire sur les réseaux sociaux – une page Facebook sera créé et réunira plus de 12.000 fans – fini par contrainte les autorités ivoiriennes à révéler de leurs fonctions, le directeur et le chef du service des urgences du CHU de Cocody. Une victoire par les réseaux-sociaux, commenteront certains.

                           Aperçu de l’utilisation du hashtag #Les200 du 21 au 22 avril 2016 sur Twitter

Plus récemment, le mercredi 20 avril 2016, le gouvernement ivoirien a décidé de suspendre la décision de dédouanement des bagages des voyageurs de l’aéroport Félix Houphouët Boigny. Selon le porte-parole du gouvernement, Bruno Koné : cette décision « été prise non pas parce que la mesure n’est pas bonne, mais il est apparu nécessaire pour le Gouvernement d’adapter certains textes au regard de l’évolution de la situation actuelle ». Pour plusieurs internautes, ce « recul » a été surtout provoqué par les nombreuses plaintes exprimées par les internautes, de nombreux jours avant. L’on ne pourra jamais établir l’impact réel qu’a pu avoir toutes ces actions des internautes.

C’est donc cet « exploit » que veulent réussir les internautes afin que des mesures soient prises pour que les autorités portent, un tant soit peu, un regard sur l’augmentation constatée sur les factures d’eau et d’électricité, le renouvellement du permis de conduire, entre autre. Pour ceux-ci, cela passe par une action de grande envergure pour donner tort au ministre Bruno Koné.