Depuis le 23 novembre 2023, la Guinée est plongée dans un défi majeur, celui de la restriction drastique de l’accès à Internet et aux réseaux sociaux, touchant près de 7 millions d’internautes. Cette mesure, initialement justifiée par des préoccupations sécuritaires, continue de susciter des tensions croissantes au sein de la population et des acteurs du secteur des technologies de l’information et de la communication (TIC).

Malgré les appels répétés à la levée de cette restriction, le gouvernement guinéen reste inflexible. La pression atteint un nouveau sommet avec l’annonce par le Mouvement syndical guinéen (MSG) d’une grève générale et illimitée à partir du 26 février. Cette décision courageuse vise à dénoncer la restriction d’accès à Internet, parmi d’autres revendications, et s’étendra sur l’ensemble du territoire national, impliquant tous les secteurs de l’économie.

Cette saga socio-numérique trouve ses racines dans la décision gouvernementale de novembre dernier, et malgré trois mois de protestations de la part de la population, des acteurs du secteur et des organisations de défense des droits de l’homme, aucune résolution n’est en vue.

Les manifestations d’opposition en Guinée se sont multipliées au cours des derniers mois, avec le Rassemblement guinéen des entreprises du secteur des TIC (RESTIC) exhortant le rétablissement d’Internet en début d’année. Le 20 février, le Parlement citoyen de l’engagement civique a organisé un sit-in pour exiger la levée immédiate de la restriction d’Internet, soulignant ainsi l’urgence de la situation.

L’impact économique de cette restriction n’est pas à négliger. Selon les données de l’Autorité de régulation des postes et télécommunications (ARPT), les 6,98 millions d’internautes mobiles guinéens subissent les contrecoups de cette mesure, entravant les activités du secteur des TIC et affectant divers pans de l’économie. Une étude de la société britannique Top10VPN indique que l’économie guinéenne a perdu près de 47,4 millions de dollars en 2023 en raison des restrictions d’accès à Internet.

Le MSG, par le biais de sa grève générale, espère contraindre les autorités guinéennes à répondre favorablement à leurs revendications, dont la levée de la restriction d’accès à Internet. En cas de non-satisfaction, le mouvement se réserve le droit de porter plainte auprès des institutions onusiennes et internationales de droits de l’homme et du droit syndical, soulignant ainsi sa détermination à défendre les droits fondamentaux des citoyens guinéens. Cette saga numérique continue de captiver l’attention mondiale, mettant en lumière les enjeux cruciaux de la liberté numérique et de l’impact socio-économique des restrictions d’accès à Internet.