La Côte d’Ivoire est actuellement confrontée à une préoccupation majeure. Des applications de prêts en ligne, gérées par des individus non identifiés, ont émergé et se multiplient à un rythme alarmant. Ces applications proposent des prêts à des taux d’intérêt astronomiques, souvent entre 35 et 50% du montant emprunté, avec des délais de remboursement extrêmement courts, de 7 à 10 jours. Malgré des publicités promettant un taux d’intérêt de seulement 10%, les emprunteurs se retrouvent souvent face à des montants de remboursement exorbitants. Nous avons donc mené une enquête pour déterminer si ces applications opèrent légalement.

En Côte d’Ivoire, la loi n° 90 589 du 25/07/1990 réglemente l’activité bancaire. Selon l’article 7 de cette loi, toute entité souhaitant exercer une activité de prêt doit être agréée et inscrite sur la liste des établissements financiers. Nous avons donc consulté la liste des institutions financières agréées en Côte d’Ivoire, autorisées à octroyer des prêts. Aucune des applications de prêts en ligne, telles que « PreterFacilement », « PretFacile », « EasyCash », « Hipret », « Djai225 », « LePret » ou « JoliPret », n’apparaît sur ces listes consultables ici et , ce qui suggère clairement qu’elles opèrent en dehors de la légalité.

Nous avons tenté de contacter les responsables de ces applications pour obtenir leur point de vue, mais toutes nos demandes de rencontre ont été refusées. Certaines de ces entités étaient totalement injoignables. Par ailleurs, nous avons également sollicité l’avis d’experts du domaine. Vincent De Paul Kouadio, agent d’une banque locale, a déclaré : « Ces applications ne sont clairement pas dans la légalité. Et malheureusement, elles terrorisent plusieurs personnes avec leurs pratiques malsaines. Seules les banques et institutions financières agréées sont habilitées à octroyer des prêts. C’est une loi établie par la BCEAO. De plus, ces banques et institutions financières peuvent octroyer des prêts avec un taux d’intérêt bien défini et limité à 18% pour les banques classiques et 27% pour les microfinances, contrairement à ce que nous voyons avec ces applications. J’invite les personnes victimes de ces situations à se tourner vers les autorités compétentes pour exposer leurs situations. »

De son côté, Brice Kouao, directeur de l’école de bourse, a également exprimé son inquiétude lors d’une interview accordée à la chaîne de télévision ivoirienne Life TV :

Nous sommes manifestement face à des cas d’usure. C’est-à-dire, nous avons affaire à des personnes qui profitent de la détresse de certains Ivoiriens pour leur vendre de l’argent beaucoup plus cher. Hélas, ils arrivent à piéger certaines personnes qui se retrouvent bloquées dans ce mécanisme conçu pour leur soutirer le plus d’argent possible.

Pour clore, nous avons également recueilli les témoignages de plusieurs victimes de ces applications de prêts en ligne. Leurs histoires sont poignantes et mettent en lumière les pratiques douteuses et potentiellement illégales de ces applications. Elles soulignent également la nécessité d’une régulation plus stricte de ce secteur en pleine expansion.

Eu égard à tout ce qui précède, il est clair que les applications de prêts en ligne en Côte d’Ivoire posent un problème sérieux. Elles opèrent en dehors de la légalité, exploitent la détresse financière des gens et utilisent des tactiques de recouvrement agressives et humiliantes. Il est essentiel que les autorités prennent des mesures pour réguler ce secteur et protéger les consommateurs.