Dans le panorama complexe de la connectivité en Afrique, les données récemment publiées par l’Union internationale des télécommunications (UIT) dessinent un tableau intrigant, offrant à la fois des raisons d’optimisme et des opportunités cruciales pour l’inclusion numérique sur le continent.Selon le rapport « Facts and Figures 2023 » de l’UIT, le taux d’utilisation d’Internet en Afrique s’élève à 37% en 2023. Bien que ce chiffre connaisse une légère baisse par rapport à l’année précédente, où il se situait à 40%, une plongée minutieuse dans les données de l’organisation, analysée par l’Agence Ecofin, révèle une progression constante au cours de la dernière décennie.

En remontant à 2013, où seulement 16% de la population utilisait Internet, cette adoption numérique a connu une ascension remarquable, atteignant 25% en 2016 et culminant à 40% en 2022. La baisse légère en 2023 marque une exception dans cette tendance, la dernière déclin remontant à 2017, avec une perte de 3,3 points de pourcentage.

Les facteurs qui ont catalysé la progression entre 2020 et 2022 sont variés, avec la pandémie de Covid-19 en tête de liste. Les activités déplacées en ligne ont stimulé l’utilisation d’Internet de manière significative. Alors que l’UIT ne fournit pas d’explication pour la baisse de 2023, plusieurs raisons peuvent être avancées, notamment la reprise des activités physiques, des coupures d’Internet dans certains pays, et les problèmes d’accès observés ailleurs. En août 2023, la coupure des câbles sous-marins WACS et SAT-3 a également provoqué des perturbations dans certains pays africains.

Les données de l’UIT pour 2023 indiquent qu’il y a encore une marge d’amélioration substantielle, car l’Afrique affiche un taux d’utilisation de 37%, nettement inférieur à la moyenne mondiale de 67%. Un écart important persiste comparativement à d’autres régions, avec l’Europe, la CEI et les Amériques affichant des taux de 87 à 91%, tandis que les États arabes et la région Asie-Pacifique se rapprochent de la moyenne mondiale avec des taux de 69 et 66% respectivement.

Si la connectivité continue de croître en Afrique, cela ouvrira de nouvelles perspectives pour divers secteurs économiques, en particulier l’e-commerce. Selon le rapport « Future of Commerce : Outlook for 2024 » de TechCabal Insights, ce secteur est en plein essor, avec un chiffre d’affaires global de 32,49 milliards de dollars en 2022 et 387,5 millions d’acheteurs en ligne africains.

Cependant, malgré les progrès, l’infrastructure de télécommunications à haut débit reste un défi en Afrique. Malgré les 25 câbles sous-marins et 1,2 million de km de fibre terrestre, la fibre optique demeure sous-utilisée. Certains pays souffrent encore du manque d’infrastructures, et les tarifs d’accès au haut débit fixe en Afrique restent parmi les plus élevés au monde, absorbant 14,8 % du revenu national brut (RNB), bien au-dessus de la recommandation de l’UIT, qui est de 2%.

Dans cette quête pour améliorer l’accès à Internet en Afrique, l’association Internet Society a émis des recommandations cruciales. Parmi celles-ci, la réforme du marché des télécoms pour encourager l’émergence de réseaux concurrents et l’extension des infrastructures nationales au-delà des principaux points d’atterrissage des câbles sous-marins et des centres de population principaux vers d’autres centres de population. Ces recommandations, si mises en œuvre, pourraient constituer un catalyseur majeur pour propulser l’Afrique vers une ère de connectivité plus robuste et équitable.

En somme, l’analyse des données de l’UIT offre une fenêtre fascinante sur l’évolution de la connectivité en Afrique, tout en soulignant les opportunités et les défis qui façonnent l’avenir numérique du continent. La croissance continue de la connectivité promet de déverrouiller de nouveaux horizons, stimulant non seulement l’e-commerce mais également d’autres secteurs économiques. Cependant, des efforts concertés sont nécessaires pour surmonter les obstacles persistants et garantir que cette croissance profite à tous, établissant ainsi une base solide pour une Afrique connectée et prospère.