Le Burkina Faso poursuit sa marche vers la modernisation numérique avec une ambition clairement affichée : faire du numérique un levier stratégique de développement. Alors que le pays fait face à des défis structurels et sécuritaires, le ministère de la Transition digitale, des Postes et des Communications électroniques a dressé, le 14 février dernier, le bilan de ses réalisations pour 2024 et dévoilé les grandes lignes de sa feuille de route pour 2025.
Une avancée notable en 2024
L’année écoulée a été marquée par des avancées significatives, illustrant la volonté du gouvernement d’accélérer l’intégration des technologies numériques dans l’administration et le quotidien des citoyens. La réhabilitation du Réseau national informatique de l’administration (RÉSINA), le déploiement de la signature électronique et la mise en exploitation de plateformes stratégiques figurent parmi les réalisations majeures.
Un autre projet clé a consisté à élargir la couverture numérique dans les zones dites blanches, où l’accès à Internet et aux services de télécommunications reste limité. Plus de 130 localités ont ainsi bénéficié d’une extension du réseau. En parallèle, la construction de deux data centers a débuté, avec un taux d’avancement de 70 %.
Malgré ces progrès, l’atteinte totale des objectifs a été freinée par des difficultés, notamment liées au contexte sécuritaire. Pourtant, avec un taux de réalisation estimé à 90,4 %, le gouvernement juge les résultats encourageants et entend maintenir cette dynamique en 2025.
Des ambitions renforcées pour 2025
L’année à venir s’annonce encore plus décisive. Le ministère ambitionne d’étendre la couverture numérique à 500 nouvelles localités et de poursuivre la dématérialisation des services administratifs pour simplifier les démarches des citoyens. Le projet d’identification unique électronique (WURI) devrait également connaître une accélération avec un enrôlement massif de la population.
Parmi les chantiers stratégiques, le Projet d’accélération de la transformation numérique (PACT DIGITAL), dont le budget s’élève à 150 millions de dollars, représente une initiative de grande envergure. Ce programme vise à moderniser les infrastructures numériques, améliorer la cybersécurité et favoriser l’innovation dans les secteurs clés tels que l’éducation, la santé, le commerce et l’agriculture.
Un positionnement encore fragile à l’international
Malgré ces avancées, le Burkina Faso peine encore à se hisser parmi les pays africains les plus avancés en matière de numérique. Selon l’indice de développement de l’e-gouvernement (EGDI) des Nations unies, le pays occupe la 175ᵉ place sur 193, avec un score de 0,2895, inférieur aux moyennes régionale et mondiale.
L’Indice de développement des TIC 2024 de l’Union internationale des télécommunications (UIT) place le pays au 43ᵉ rang sur 47 économies africaines étudiées. Si le taux de pénétration d’Internet demeure faible (19,9 %), celui de la téléphonie mobile (21 %) et la couverture du réseau 3G (53,2 %) traduisent une progression, bien que la 4G reste encore peu accessible (36,6 %).En matière de cybersécurité, des efforts restent à fournir. Classé au troisième niveau (Tier 3) sur une échelle de cinq par l’UIT, le Burkina Faso doit renforcer ses capacités techniques et la formation de ses experts pour faire face aux menaces numériques croissantes.
Un défi de taille, mais un cap maintenu
Si les ambitions du pays sont grandes, leur concrétisation reste confrontée à des obstacles, notamment l’instabilité politique et les défis sécuritaires qui entravent parfois le déploiement des infrastructures. Néanmoins, le gouvernement affiche une volonté ferme de maintenir le cap et d’ancrer le numérique au cœur du développement national.
Avec une stratégie clairement définie et des projets structurants en cours, le Burkina Faso espère progressivement combler son retard et s’imposer comme un acteur numérique incontournable en Afrique de l’Ouest. Les années à venir seront déterminantes pour juger de l’efficacité de cette transformation digitale qui, au-delà des chiffres et des classements, impacte directement le quotidien des citoyens burkinabè.