L’Afrique s’apprête à connaître une transformation sans précédent grâce à l’intelligence artificielle, et la Côte d’Ivoire entend bien tirer son épingle du jeu. Alors que cette technologie s’impose comme un moteur économique de premier plan, le pays pose progressivement les jalons d’une intégration réussie dans son tissu économique et numérique. Avec des projections économiques vertigineuses estimant que l’IA pourrait générer jusqu’à 1 500 milliards de dollars pour le continent d’ici 2030, l’enjeu est considérable. Il ne s’agit plus d’un choix, mais d’une nécessité pour les États qui souhaitent rester compétitifs à l’ère du numérique.

Malgré un environnement technologique en pleine expansion, la Côte d’Ivoire doit encore franchir plusieurs étapes pour rivaliser avec les pays les plus avancés de la région. En 2024, son indice de préparation à l’adoption de l’IA était de 34,69 sur 100, un score encore modeste face à des voisins comme le Sénégal ou le Nigeria, mais qui demeure supérieur à la moyenne de l’Afrique subsaharienne. Ce classement, établi par le cabinet britannique Oxford Insights, repose sur plusieurs critères, notamment la gouvernance, le dynamisme du secteur technologique et l’état des infrastructures numériques. Ces indicateurs permettent de mesurer l’avancement des États dans leur appropriation de l’intelligence artificielle et d’identifier les leviers d’amélioration.

Consciente de ces défis, la Côte d’Ivoire met les bouchées doubles pour accélérer son développement technologique. Un projet majeur est en cours : la création d’un hub dédié à l’intelligence artificielle, un espace qui servira à la fois de centre de recherche, d’incubateur pour les start-ups innovantes et de plateforme de formation pour les talents locaux. Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale pour l’IA et la protection des données, dont le lancement est prévu dans les mois à venir. À travers cette démarche, les autorités affichent une ambition claire : faire de l’intelligence artificielle un levier de croissance, d’innovation et de modernisation de l’économie ivoirienne.

Les défis restent cependant nombreux. Pour bâtir un écosystème performant, il est indispensable de renforcer les infrastructures numériques, notamment les centres de données et la connectivité. La formation des compétences représente un autre enjeu majeur, tant les spécialistes en IA, en science des données et en cybersécurité se font encore rares sur le continent. Le pays doit également se doter d’un cadre réglementaire solide afin de garantir un développement responsable et sécurisé de l’intelligence artificielle. La protection des données personnelles, la transparence des algorithmes et l’éthique de l’IA figurent parmi les axes clés qui devront être intégrés dans cette législation à venir.

Face à l’accélération du progrès technologique, la Côte d’Ivoire ne peut se permettre d’adopter une posture attentiste. L’intelligence artificielle redessine en profondeur les économies mondiales, et ceux qui sauront l’exploiter efficacement en tireront des bénéfices considérables. À l’heure où la transformation numérique s’impose comme une priorité, la Côte d’Ivoire se positionne pour relever le défi. L’avenir est en marche, et il appartient désormais aux décideurs, aux entrepreneurs et aux chercheurs de construire ensemble un écosystème technologique à la hauteur des ambitions du pays.