Alors que le numérique s’impose comme un moteur incontournable du développement économique, l’Afrique du Sud fait face à une réalité préoccupante : des millions de citoyens restent en marge de cette révolution, non pas en raison d’un manque d’infrastructures, mais à cause du coût prohibitif des smartphones.

C’est sur ce constat que s’est appuyé Solly Malatsi, ministre des Communications, lors d’une rencontre stratégique tenue le lundi 24 février. Autour de la table, des représentants de la GSMA (l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie mobile), des experts du secteur, ainsi que des institutions financières comme la Banque mondiale. L’objectif ? Trouver des solutions pour rendre les appareils connectés plus accessibles à la population sud-africaine.

Un smartphone : un luxe ou une nécessité ?

« Les smartphones ne sont plus un produit de luxe, ils sont devenus un outil essentiel pour s’insérer dans l’économie moderne », a insisté le ministre Malatsi. Un message clair qui souligne l’urgence d’une action gouvernementale en faveur de l’inclusion numérique.Selon la GSMA, le prix des téléphones portables en Afrique du Sud et sur l’ensemble du continent est alourdi par des taxes et droits de douane élevés, freinant ainsi l’adoption de l’Internet mobile. À titre d’exemple, le rapport L’économie du mobile en Afrique subsaharienne 2024 pointe le coût des appareils comme l’un des principaux obstacles à la connectivité.

Dès lors, plusieurs pistes sont sur la table : la réduction des charges fiscales sur les importations de smartphones, des partenariats avec des fabricants pour produire des modèles à bas coût, ou encore des incitations pour favoriser la distribution d’appareils d’occasion reconditionnés.

Entre exonérations fiscales et impératifs budgétaires

Si l’idée d’alléger la fiscalité sur les téléphones semble séduisante, elle n’est pas sans conséquences. En début d’année, le Rwanda a pris la décision inverse en mettant un terme à l’exonération de TVA sur les équipements technologiques, dans le but d’augmenter ses recettes fiscales. L’Afrique du Sud, de son côté, devra trouver un équilibre entre ces deux impératifs : encourager l’accessibilité numérique sans fragiliser son assiette fiscale.

Actuellement, le pays compte environ 118,6 millions de smartphones actifs, pour un taux de pénétration impressionnant de 195,4%. Pourtant, seuls 45,34 millions d’habitants disposent d’un accès à Internet, soit un taux de 74,7%. Une fracture numérique évidente, qui ne pourra être réduite qu’à travers des mesures concrètes et inclusives.

L’avenir dira si Pretoria optera pour une refonte de sa politique fiscale ou misera sur des initiatives privées pour démocratiser l’accès aux technologies mobiles. Une chose est certaine : dans un monde où le digital façonne l’économie, la connectivité n’est plus un privilège, mais un levier indispensable pour l’insertion sociale et professionnelle.