Le 26 août 2024, Pavel Durov, le créateur et PDG de l’application de messagerie Telegram, a été interpellé à l’aéroport du Bourget près de Paris, alors qu’il arrivait d’Azerbaïdjan à bord de son jet privé. Placé en garde à vue, le jeune entrepreneur russe de 39 ans fait l’objet d’un mandat d’arrêt français dans le cadre d’une enquête judiciaire ouverte le 8 juillet dernier.

Les accusations portées contre Pavel Durov

Selon les informations de l’AFP citant des sources judiciaires anonymes, Pavel Durov est soupçonné d’une douzaine d’infractions relevant de la criminalité organisée. Les chefs d’accusation sont lourds : blanchiment en bande organisée, trafic de stupéfiants, pédopornographie, escroquerie. 

Les autorités françaises lui reprochent principalement de ne pas agir contre la diffusion de contenus criminels ou illégaux sur Telegram, qui compte plus de 900 millions d’utilisateurs dans le monde. L’application est notamment accusée d’être devenue un « supermarché du crime et des fake news », selon les termes d’un expert interrogé par Europe 1.

Telegram réfute ces allégations et affirme dans un communiqué que l’application respecte les lois européennes en vigueur et que ses pratiques de modération de contenu sont « conformes aux standards de l’industrie ». Pavel Durov, qui se présente comme un défenseur de la liberté d’expression, a reçu le soutien de personnalités comme Elon Musk.

Des implications géopolitiques et diplomatiques

Au-delà des aspects judiciaires, l’arrestation de Pavel Durov soulève des questions sur la régulation d’internet et la liberté d’expression en ligne. Telegram, qui se targue de garantir la confidentialité des communications grâce à son chiffrement, est accusée de laisser prospérer toutes sortes d’activités illégales.

Cette affaire a aussi des répercussions diplomatiques. La Russie, d’où est originaire Pavel Durov, a réagi avec véhémence. Le porte-parole du Kremlin a dénoncé une « tentative d’intimidation » de la part de la France. Des blogueurs russes ont appelé à manifester devant les ambassades françaises dans le monde.

Alors que la garde à vue de Pavel Durov touche à sa fin ce mercredi 28 aout 2024, la justice française devra décider s’il y a matière à le mettre en examen. Quelle que soit l’issue judiciaire, cette affaire a déjà eu un fort retentissement et illustre les défis posés par la régulation des géants d’internet.