Après plus de deux décennies sous gestion étrangère, la Guinée reprend officiellement le contrôle de son domaine national de premier niveau, .GN. Ce rapatriement, annoncé par le ministère des Postes, Télécommunications et de l’Économie numérique, sera effectif dès le 4 décembre 2024. Cette initiative marque une étape décisive pour le pays, dans sa quête de souveraineté numérique et de renforcement de ses infrastructures digitales.
Une longue marche vers l’autonomie
La gestion du domaine .GN était jusqu’en 2016 sous le contrôle de PSGNet, un registre basé aux États-Unis. Les démarches pour récupérer cette ressource stratégique ont débuté la même année. Un décret présidentiel signé en 2017 par Alpha Condé a fixé les cadres administratifs et technique nécessaires.
En janvier 2022, Aminata Kaba, alors ministre des Postes et Télécommunications, s’est vu confier la mission de concrétiser cette ambition nationale. Ces efforts soutenus ont finalement abouti en 2024, symbolisant la détermination des autorités guinéennes à se réapproprier leurs actifs numériques stratégiques.
Souveraineté numérique : un enjeu clé
Selon Rose Pola Pricemou, actuelle ministre des Postes, des Télécommunications et de l’Économie numérique, ce rapatriement n’est pas seulement une question technique. Il s’inscrit dans une vision plus large : assurer la maîtrise des infrastructures numériques, renforcer la sécurité des données nationales et offrir un accès équitable aux services digitaux à l’ensemble des citoyens.
Dans le Bulletin numérique du ministère, elle déclarait en octobre dernier :
« L’avenir de notre indépendance repose sur notre capacité à maîtriser nos infrastructures numériques, à favoriser l’innovation locale, et à offrir un accès équitable à l’information et aux services numériques. »
Des retombées stratégiques
Le contrôle de .GN positionne la Guinée dans une démarche proactive face aux défis de la cybersécurité. Le pays est actuellement classé en catégorie Tier 3 du Global Cybersecurity Index 2024 de l’Union Internationale des Télécommunications (UIT), démontrant un engagement de base en matière de sécurité digitale avec un score global supérieur à 55/100.
Cette initiative pourrait également :
-accélérer l’innovation locale en offrant un environnement sécurisé et adapté pour les entreprises technologiques.
-renforcer la confiance numérique en réduisant les risques liés à une gestion délocalisée des données nationales.
-stimuler l’économie numérique, l’un des piliers du développement socioéconomique de la Guinée.
Une transformation digitale ambitieuse
En reprenant le contrôle de son domaine national, la Guinée affiche clairement son ambition de tracer une voie indépendante dans le paysage numérique africain. Cette démarche s’inscrit dans un contexte global de transformation digitale, où la maîtrise des infrastructures numériques est un atout stratégique majeur pour les nations.